Franck Ferrari (1963 – 2015)

On le savait ! Par pudeur et respect pour lui et envers sa famille, on taisait le mal qui le rongeait depuis peu d’années. On ne disait rien parce que cela paraissait impossible. Comment une force de la nature comme lui, un homme aussi solide, sportif, chaleureux, aimant tellement la vie, comment pouvait-il succomber ? Hélas la cruelle nouvelle est tombée en ce jeudi 18 juin 2015 : Franck est mort !     Est-il nécessaire de bien connaître un être humain pour l’aimer ? A cette question j’ai tendance à répondre par la négative. Pour certaines personnes, comme Franck, il se passe quelque chose d’immédiat. Un regard, un sourire, un geste parfois banal mais effectué, et c’est gagné : Franck était ainsi. Je l’ai rencontré il y a plusieurs années alors qu’il passait (et remportait) le concours de chant lyrique de l’Opéra de Marseille. Il était assis dans la salle pendant que les autres candidats effectuaient leurs prestations, et j’étais à ses côtés. Il se dégageait de lui une véritable chaleur humaine qui s’exprimait principalement par son regard et son sourire. Comment oublier un tel moment ?

Il remporta ce concours, puis bien d’autres, et sa carrière pris son envol. Il a été un superbe Miller, Paolo, Nabucco, un immense Scarpia et un émouvant Marcello dans La Bohème et ceci sur les scènes du monde entier. D’autres grands rôles l’attendaient ; on aurait aimé entendre son Posa, son Macbeth ou son Rénato mais hélas la méchante faucheuse en a décidé autrement. Quelle injustice encore une fois ! Il n’avait que 52 ans, une carrière en plein essor, une jolie famille aujourd’hui dans la peine et à laquelle j’adresse mes plus sincères condoléances.
On pourrait parler pendant des heures de sa générosité, de sa gentillesse, de sa spontanéité. Comment oublier ce jour ou avec une amie je me suis présentée à l’Opéra Bastille sans place, en espérant qu’au dernier moment il puisse m’en procurer une. Il me répondit que c’était impossible, trop tard, mais m’a néanmoins fait entrer avec lui, me permettant ainsi de trouver une place « en interne ». Il n’était pas obligé de le faire, mais il l’a fait parce qu’il était profondément généreux.  Pour toutes ses qualités, de chanteur et d’homme, on ne l’oubliera jamais et il restera dans nos cœurs pour toujours.