Aix-en-Provence, Festival de Pâques 2025: Les 12 violoncellistes du Philharmonique de Berlin

Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, saison 2025
Les 12 violoncellistes du Philharmonique de Berlin
Musiques: Julius Klengel, Kaija Saariaho, Gabriel Fauré, Henri Bourtayre, Hubert Giraud, Edith Piaf, Stephan Koncz, Juan Tizol, John Williams, George Gershwin, Herman Hupfeld, Burt Bacharach, Astor Piazzolla.
Aix-en-Provence, le 22 avril 2025
En programmant “Les 12 violoncelliste de la Philharmonique de Berlin” le Festival de Pâques conviait le public à un concert original et peut-être aussi la découverte d’une formation faisant partie de la non moins prestigieuse phalange qu’est La Philharmonique de Berlin, mondialement connue mais rarement programmée; le public ne s’y était pas trompé et remplissait la vaste salle du Grand Théâtre de Provence. Sans doute sommes-nous un peu déçus par le choix des morceaux choisis; un mélange de pièces qui vont du classique à l’avant-garde en passant par le jazz et le tango. Musique de cabaret disons-nous ? Peut-être, mais un programme grand public qui sera d’ailleurs très apprécié. Evidemment l’on s’attendait à un programme plus recherché faisant ressortir les qualités techniques de ces musiciens hors pairs. C’est sans doute sur les sonorités que s’est focalisé cet ensemble autonome et original créé il y a plus de 50 ans. Alors, faisons abstraction de nos réticences et laissons-nous entraîner par le choix des musiciens de cette formation appelée Die Zwölf. La courte pièce de Julius Klengel, célèbre violoncelliste, “Hymnus für zwölf Violoncelli” op.57 laisse chanter les sonorités profondes alors que “Neiges”, seconde version pour 12 violoncelles de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho décédée en 2023, évoque un paysage d’hiver finlandais avec le calme méditatif de longues tenues, tout d’abord sans vibrato puis, celui-ci devenant plus intense, le vent se met à souffler dans les herbes procurant des atmosphères étranges aux sons diversifiés “des 12”. Evidemment l’arrangement de “Pavane” de Gabriel Fauré plait beaucoup, l’on y retrouve avec plaisir les inflexions du compositeur, chant et contrechant dans des phrases mélodieuses. “Sous le ciel de Paris” ou “La Vie en Rose” nous transportent sous d’autres cieux avec de longs archets langoureux. La version de Stephan Kong nous emmène dans un Dvorak jazzy et humoristique interprété en s’amusant par les 12 violoncelliste. Après l’entracte c’est avec fougue que “Caravan” nous entraîne (Juan Tizol, Duke Ellington) ; mystère des archets flottando ou frappés dans un effet de bruitage. Mystère encore et claquements de doigts, John Williams change de caractère avec un peu d’humour avant un Gershwin promenade dont certains pizzicati font résonner des contrebasses jazzy ? Dans une sorte de pot-pourri musical et de belles harmonies l’on croit entendre la voix d’Elvis Presley entonnant “Love me tender”. Changement de cabaret, nous sommes en Argentine avec les tangos d’Astor Piazzolla qui nous font danser sur des rythmes marqués ou des phrases plus langoureuses. Le succès est assuré et le public reste conquis jusqu’à la fin des BisEnnio Morricone “The Man with the harmonica”. N’entend-on pas cet harmonica sous les archets des 12 avec ce son particulier et nostalgique ? Nostalgie vite oubliée avec l’humour de “La Panthère rose” composée par Henry Mancini pour la comédie policière jouée avec l’acteur Peter Sellers. Et pourquoi pas finir sous les applaudissements du public avec le “Yesterday” des Beattles ? Le public a apprécié et applaudit avec enthousiasme. N’est-ce pas le principal même si nous restons un peu sur notre faim ? De belles recherches tout de même et un très beau travail sur les sonorités et les couleurs. Un concert original ! Photo Caroline Doutre