Aix-en-Provence, Festival de Pâques 2025: Carte blanche a Renaud Capuçon

Grand Théâtre, Aix-en-Provence, saison 2025
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
Direction musicale & violon Renaud Capuçon
Ludwig van Beethoven:”Les Créatures de Prométhée”, op. 43 Ouverture; 
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour violon n°3 en sol majeur, K. 216; 
Felix Mendelssohn: Symphonie n°3 en la mineur, op. 56 “Ecossaise”
Aix-en-Provence, le 27 avril 2025
Carte blanche à Renaud Capuçon pour cette soirée de clôture du Festival de Pâques 2025 qui aura vu le violoniste changer l’archet pour la baguette mais, ce soir, c’est de la pointe de son archet qu’il dirigera l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg dans le concerto de Mozart n°3 pour violon et orchestre. Un petit orchestre d’ailleurs car, mis à part le quatuor assez fourni, hautbois, flûte et cor composeront simplement l’harmonie. Levant son archet, en chef d’orchestre affirmé, Renaud Capuçon donne les attaques dans un tempo allant puis dialogue librement avec l’orchestre dans de belles phrases musicales et des oppositions de nuances élégantes faisant montre d’une grande puissance dans une cadence aux doubles cordes à l’aise. Composé dans le style “galant”, ce concerto inscrit une certaine amabilité que l’on remarque dans l’Adagio du deuxième mouvement joué sans lenteur avec des phrases qui se répondent avec délicatesse. D’un regard, d’un geste le chef relance l’orchestre qui soutient le violoniste jusque dans les respirations ou les pianissimi extrêmes qui conservent la luminosité de la sonorité. Vif, le Rondo semble être joué en s’amusant dans une belle justesse et un spiccato fougueux. Dans un jeu questions réponses la légèreté de Mozart anime le dernier mouvement dans une danse populaire…venue de Strasbourg ? D’où son surnom de Concerto strasbourgeois. Peut-être un peu moins inspirée que lorsque le soliste n’a à se préoccuper que de son violon, cette interprétation reste un moment de musicalité et de complicité avec un orchestre à l’écoute. L’Ouverture, “Les Créatures de Prométhée” de Ludwig van Beethoven, avait débuté ce concert avec beaucoup de classicisme entre dramatique et luminosité. Après quelques mesures d’introduction, la gestuelle ample de Renaud Capuçon laisse sonner l’orchestre dans un tempo animé avec une harmonie légère et un quatuor efficace dans des sonorités agréables et homogènes jusqu’aux timbales sans agressivité. Beethoven ayant un peu gardé les anciennes structures, cette Ouverture nous a ramenés à Mozart sans transition. Pour rester dans la littérature musicale germanique Mendelssohn, et sa Symphonie “Ecossaise“, allait terminer ce programme ; souvenirs d’un voyage qu’il finit de composer en 1842 et qu’il dirigera lui-même à Leipzig le 3 mars de la même année. En “paysagiste” disait Richard Wagner. Cette œuvre mélange mystère et mélancolie, agitation de la mer et danses populaires avec une clarinette qui joue les cornemuses. Dans un tempo posé l’harmonie puis le quatuor s’emparent des sonorités qui évoquent paysages et atmosphères avec nostalgie. L’unité des sons s’intensifie au gré des nuances et des nuages qui s’amoncellent tout en gardant l’élégance qui caractérise le compositeur. Le bruissement des cordes soutient la clarinette dans le Vivace du deuxième mouvement avec des rythmes dansants et populaires sous une baguette investie. Plus calme, mélodique et sans lenteur l’Adagio, dans une sorte d’introspection cantabile, laisse émerger le romantisme de l’œuvre avec des sons larges et sonores où bois et cors prennent la parole avant la force du vivacissimo du dernier mouvement avec un orchestre qui allie la légèreté des archets aux couleurs de la petite harmonie dans un tempo soutenu. Une fin éblouissante qui évoque une Ecosse aux ciels changeants avec cors en majesté. Un programme bien conçu pour un plaisir partagé. Retour à Mozart pour “Les Noces de Figaro” vives et pétillantes données en bis. Grand succès pour le concert, les artistes et aussi pour tous ces beaux moments musicaux offerts pendant la durée du Festival. Un Festival de Pâques 2025 très réussi. Photo Caroline Doutre