Saint-Étienne, Opéra de Saint-Etienne: “Samson et Dalila”

Opéra de Saint-Etienne, saison 2024/2025
SAMSON ET DALILA
Opéra en 3 actes sur un livret de Ferdinand Lemaire
Musique de Camille Saint-Saëns
Samson FLORIAN LACONI
Dalila MARIE GAUTROT
Le grand prêtre de Dagon PHILIPPE-NICOLAS MARTIN
Abimélech, satrape de Gaza ALEXANDRE BALDO
Le vieillard hébreu LOUIS MORVAN
Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire
Direction musicale Guillaume Tourniaire
Chef des Chœurs Laurent Touche
Mise en scène, scénographie Immo Karaman
Costumes, chorégraphie Fabian Posca
Vidéo Frank Böttcher
Reprise lumières Pascal Noël
Saint-Etienne, le 11 mai 2025
L’Opéra de Saint-Etienne accueille la production d’Immo Karaman, qui provient du Theater Kiel. Un spectacle sans aucune autre couleur que le noir et le blanc, avec une clé de lecture des plus simples : costumes et décors noirs pour les Hébreux et du blanc pour les Philistins. L’action se déroule sur une large bande de scène centrale, qui remonte, au fond, à la verticale vers les cintres. Quelques parcimonieuses projections vidéos, des volutes d’encre dans l’eau ou des ombres de personnes agitées, agrémentent l’illustration visuelle. Mais c’est surtout la chorégraphie de Fabian Posca conçue pour dix danseurs et danseuses qui ajoute au mouvement sur le plateau. Ceux-ci, tantôt habillés de blanc ou noir suivant qu’ils accompagnent Samson ou Dalila, sont évidemment attendus dans la Bacchanale du troisième acte, où ils dansent autour de Samson placé au centre et tournent sur eux-mêmes à la manière de derviches tourneurs. Quelques éléments scénographiques apparaissent, l’entrée en scène de Dalila, placée dans l’une des cinq armoires noires à intérieur blanc et qui renferment aussi les cinq couples de danseurs. Ensuite une armoire, une table et deux chaises, ainsi que la découpe de la paroi du fond en forme de toit de maison, figurent l’habitation de Dalila au II. On retrouve pour les deux rôles-titres les principaux protagonistes de La nonne sanglante de Gounod, montée sur cette même scène stéphanoise il y a tout juste deux ans. Après de petits ajustements pour trouver la parfaite justesse d’intonation en débuts de premier et troisième actes, Florian Laconi interprète Samson avec vigueur dans l’accent, une belle assise dans le médium et un aigu d’un certain émail. Il conserve suffisamment de réserves pour délivrer avec un impact certain sa dernière intervention « Souviens-toi de ton serviteur », avant qu’un voile noir ne descende recouvrir le plateau, en guise d’effondrement du temple. La mezzo Marie Gautrot fait également preuve d’un fort engagement en Dalila, développant un timbre riche et profond, mais sans aucune outrance, pour séduire dès son « Printemps qui commence ». La partie grave se révèle moins sonore, sauf au cours des séquences d’un petit tissu orchestral, comme son grand air du II « Mon cœur s’ouvre à ta voix », délivré avec la juste dose de vibrato. En Grand prêtre de Dagon, le baryton Philippe-Nicolas Martin possède une rare noblesse de timbre, d’une égale qualité sur l’étendue et sa diction est irréprochable. Mezzo et baryton sont à leur meilleur au II, accusant curieusement une petite baisse de régime à l’acte final, au milieu des chœurs et Samson en grande forme. Côte barytons-basses, on apprécie Alexandre Baldo en Abimélech et encore davantage Louis Morvan en Vieillard hébreu, à la voix sombre et profonde. Guillaume Tourniaire se montre constamment attentif au plateau et évite de surcharger en décibels le flot sonore. Les moments de grande douceur sont ici nombreux, très bien rendus techniquement par un Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire solide. Le chef fait entendre de très beaux détails instrumentaux, comme le mordant des contrebasses lors des premières mesures, et par ailleurs il ne déchaîne la toute puissance de la phalange qu’à de très rares moments, par exemple à la conclusion du II. Les chœurs ont eux aussi été préparés avec excellence par Laurent Touche, les splendides passage étant nombreux, par exemple l’ensemble très délicat des vieillards hébreux « Hymne de joie, hymne de délivrance » chanté alors en une tendre mezza voce, qui vient après les accès de vaillance des premières scènes. Photos © Cyrille Cauvet