Marseille: Le tuba de Thomas Leleu en toute libertè pour “The Tuba’s Trip”

Théâtre de l’Odéon, Marseille, saison 2016 / 2017
Direction musicale   Laurent Elbaz
Direction scénique et artistique   Claude Tissier
Tuba Thomas Leleu
Guitare Jérôme Buigues
Saxo, flûte, doudouk et kora  Lamine Diagne
Claviers Laurent Elbaz
Basse et contrebasse Sam Favreau
Batterie Philippe Jardin
Marseille, le 27 avril 2017
Il est des concerts d’où l’on sort joyeux, le pied léger et l’âme guillerette. Quelle bonne idée ! se dit-on et quel beau travail pour un concert show de cette qualité. On ne présente plus le tubiste Thomas Leleu à Marseille mais aussi à l’étranger, car il est connu et reconnu à travers le monde comme ambassadeur du tuba, et soliste virtuose d’un instrument qui, de premier abord, ne se prête pas aux acrobaties solistiques. Ce jeune tubiste qui intègre l’Orchestre Philharmonique de Marseille à l’âge de 19 ans est avant tout un jeune homme de son temps attiré par les musiques et les formations actuelles. S’ennuie-t-il derrière son pupitre ? non… mais alors qu’il compte ses mesures, il écoute les violons et se prend à rêver au répertoire de ces derniers ; au tuba ! pourquoi pas ? Si dans la pièce “Fables of tuba” composée spécialement pour lui par Richard Galliano il se prenait pour un accordéon, il se dit qu’après tout, la Czardas composée par Vittorio Monti… Animé par un sentiment de liberté et d’originalité, Thomas Leleu veut pouvoir s’exprimer avec des rythmes, une gestuelle libératrice et explorer toutes les possibilités qu’offre le tuba tout en s’amusant, loin des contraintes de l’orchestre. Pari réussi. Le tuba est sur le devant de la scène et on en redemande. Né d’une rencontre avec son scénariste Claude Tissier, ce show prend forme au fil du temps (trois ans) et des voyages qui vont nourrir et définir le spectacle. Plus de 80 titres et 70 effets de lumières ; une gageure tout de même. Mains rien ne freine l’enthousiasme de ce jeune artiste qui se prend maintenant pour Michael Jackson ; est-ce inné ? non, nous dit-il, des heures de travail. Mais enfin…on y croirait. Si Thomas Leleu mélange les genres, il mélange aussi les instruments avec une équipe polyvalente qui passe de la flûte au saxophone ou du doudouk à la kora, de la guitare basse à la contrebasse et de la guitare électrique à la guitare sèche ; la musique passe de l’Europe à l’Amérique, de l’Arménie au Brésil ou à l’Argentine, du jazz au tango ou de la comédie musicale à l’opéra. Des clins d’oeil de bon goût, des rythmes, de la mélancolie, portés par une salle qui suit les émotions. Derrière ce résultat qui paraît rôdé, que de travail pour une première représentation. Le tuba se plie à toutes les fantaisies, seul, accompagné par le clavier ou le saxo, les sons profonds passent du contre chant au chant pour un duo endiablé avec le saxophone. Chaque musicien est mis en valeur, avec humour pour le pianiste qui se prête aux mises en scène ou avec nostalgie pour un tango “dos mercados” chanté par le guitariste passé à la guitare classique. Si nous apprécions chez Thomas Leleu ses dons de danseur, nous notons son talent de comédien et de chanteur alors qu’il interprète avec une belle voix et beaucoup de sentiment la chanson “regarde-moi” composée à quatre mains avec la chanteuse Tatiana Probst. De ses rencontres au Rio Scenarium, ce bar de Rio où les cultures se mélangent, Thomas Leleu rapporte des rythmes de bossa nova de salsa, et des envies d’ailleurs. Il fait cohabiter Diana Ross, Michael Jackson, Stevie Wonder, Liza Minelli, les musiques de West side story, d’Ofeu Negro ou de Grease. Les formations changent, par 2 par 3, un musicien chante en pinçant les cordes de son N’goni et nous voici transportés dans des contrées lointaines. Puis  le tubiste revient à ses origines classiques, arrangées, dérangées, avec des variations dans une débauche de pièces musicales, Johann Sebastian Bach le calme, mais Paul Dukas et son Apprenti sorcier le titille, le Cygne de Camille Saint Saëns le fait rêver, puis il se déchaîne avec Samson et Dalila ou le Cancan de Jacques Offenbach. Un ténor maintenant avec Turandot, et pourquoi pas Carmen ? La Force du destin renverse les pupitres, mais rien n’arrête ce tuba suivi par son tubiste et son équipe ; un Nino Rota et son Parrain, un Rossini et son Guillaume Tell. Les effets de lumières, les musiques où l’on se retrouve, le talent des six musiciens et un tuba incontrôlable ont fait passé une soirée d’exception à un auditoire de tous âges, enchanté d’avoir pu partager ce moment. Le talentueux Thomas Leleu que l’on voit assis sagement en haut de l’orchestre nous a fait découvrir les multiples facettes de son tempérament avec le tuba son complice dans une virtuosité époustouflante. Un grand bravo à chaque musicien, et un grand merci à Maurice Xiberras, Directeur général de l’Opéra de Marseille et du Théâtre de l’Odéon qui lui a offert cette jolie salle pour écrin.