Giacomo Meyerbeer (1791-1864): Ballet Music From The Operas (french version)

“Les Huguenots” (1836) Atto III Danse bohémienne;  “Robert le Diable” Atto II (Pas de cinq); Atto III Ballet des Nonnes (Les Feux Follets et Procession des nonnes: Bacchanale; Premier Air de Ballet: Séduction par l’ivresse; Deuxième Air de Ballet: Séduction par le jeu; Troisième Air de Ballet: Sêduction par l’amour; Finale; “L’Étoile du Nord” (1854):  Waltz  (Atto III); Chanson de cavalerie  (Atto II); Prayer (Atto I); Entr’acte (Atto III); “Le Prophète” (1849) Atto III: Ballet des Patineurs: (Waltz, Redowa, Quadrilles des patineurs, Galop; “L’Africaine” (1865) Atto IV: Marche indienne. Barcelona Symphony Orchestra, Michał Nesterowicz (Direttore). Registrazione: luglio 2012. Time: 69’40” 1 CD NAXOS 8.573076

Au XXe siècle, le succès de Giacomo Meyerbeer, le compositeur le plus important du Grand-Opéra du XIXe siècle, est décliné non seulement à cause de l’obstruction de la critique allemande qui exaltait le wagnerien Wort-Ton-Drama, mais encore par les difficultés de représenter ses opéras grandioses et, pour cela, économiquement dispendieux. Pendant les dernières vingt années la production de Meyerbeer a été remise en valeur grâce à la reprise et à la réalisation d’intéressantes productions discographiques des quelques-unes de ses œuvres comme L’Africaine, Les Huguenotes, Robert le Diable, et L’Etoile du Nord. Emblématique du succès, que la production de Meyerbeer a remporté, est une rapide description de celle qui est touchée aux Huguenots. Créée à l’Opéra de Paris le 29 février 1836, tout au long du XIXe siècle l’œuvre fut non seulement reprise dans beaucoup de théâtres européens, mais encore fut choisie pour inaugurer le nouveau bâtiment du Covent Garden de Londres le 15 mai 1858. Définie par Berlioz une encyclopédie musicale, l’œuvre, composée sur un livret de Scribe, suscita des avis contrastants auprès de la critique partagée entre défenseurs et détracteurs qui jugèrent la partition essentiellement protestante, du moment que sa musique «s’attaque aux sens plus souvent qu’à l’âme ; l’harmonie des accords y prévaut sur la mélodie des accents ; on y sent partout l’orgueil du chromatique y dominer l’humble et touchante expression du cantabile». D’autres critiques remarquèrent la prépondérance de l’élément cantabile dans la partition, en justifiant l’affirmation de Berlioz qui, en définissant l’œuvre une encyclopédie, avait deviné la présence de tous ces éléments dans cette œuvre centrée sur l’amour impossible et tragique entre Raoul de Nangis, gentilhomme protestant, et la catholique Valentine de Saint-Bris pendant la période des guerres de religion. Les deux amants, après beaucoup des péripéties et après la conversion de la femme au protestantisme, périssent pendant le massacre de la Saint-Barthélemy. Placée à la fin du troisième acte, la Danse Bohèmienne est, sous l’aspect formel, un Rondeau, précédé par une introduction et conclu par une martiale Coda, un peu conventionnelle, qui annonce le suivant tableau Couvre-feu et n’est pas très variée en ce qui concerne l’aspect timbré.
Plus articulé est le ballet de Robert le Diable, œuvre créée le 21 novembre 1831 avec remarquable succès auquel contribuèrent le ténor Adolphe Nourris, qui fut aussi le metteur en scène, et  Nicolas Lavasseur. Représentée tout au long de la première moitié du XIXe siècle, l’œuvre est tombée dans l’oubli jusqu’aux vingt dernières années du siècle passé lorsque elle fut reprise à Paris en 1984 avec June Anderson qui joua le rôle d’Isabelle et une édition critique de la partition fut rédigée par Wolfgang Kühnhold. L’œuvre, dont le livret de Scribe s’inspire de la légende médiévale de Robert le Diable, selon laquelle le père du duc Robert le Magnifique de Normandie, à son tour père de Guillaume le Conquérant, était le diable même, accorde beaucoup d’espace à la danse grâce à ses deux ballets, placés respectivement au deuxième et au troisième acte. Quatre danses, exécutées sans solution de continuité, forment le Pas de cinq du deuxième acte où on fête les noces de six couples à l’intérieur de la cour de Palerme ; au contraire six danses, tantôt effrénées tantôt lyriques, forment le ballet du troisième acte, dont les protagonistes sont les nonnes qui sont réveillées depuis le sommeil de la mort par Bertram, le diable.
Au genre de l’Opéra-Comique appartient L’étoile du nord, œuvre composée sur livret de Scribe, qui, créée à la Salle Favart à Paris le 16 février 1854, a joui d’un grand succès tout au long du XIXe siècle, non seulement en France, mais aussi en Europe. Quelques-uns de ses morceaux, en particulier La Valse, entracte du deuxième acte, la Chanson de cavalerie, la poétique prière du premier acte et l’entracte du troisième acte, sont entrés dans le répertoire symphonique grâce au chef d’orchestre et compositeur anglais Constant Lambert qui en 1937 les réélabora, avec d’autres pages symphoniques tirées du Prophète, pour le ballet Le patineurs, dont les chorégraphies furent réalisées par Frederick Asthon.
Au contraire de L’étoile du nord, Le Prophète, qui a été crée à Paris le 16 avril 1849, a joui d’un grand succès jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale
 et pendant l’après-guerre a connu d’importantes reprises à Zurich (1962), à Berlin (1966) et à New York (1977). Ses danses ont été utilisées par Asthon dans son ballet Les patineurs, dont le titre se rapporte à la scène d’ouverture du troisième acte, où se trouve le ballet, situé à l’intérieur du camp des anabaptistes dont Jean de Layden est devenu le prophète. Enfin la Marche indienne du quatrième acte de L’Africaine, œuvre inachevé par le compositeur en raison de sa mort et créée posthume le 28 avril 1865 grâce à Fétis qui réalisa une nouvelle version, se signale par sa virtuosité orchestrale.
En occasion du cent-cinquantième anniversaire de la mort de Giacomo Meyerbeer (le 2 mai 1864), ce Cd, gravé par la Barcelona Symphony Orchestra sous la direction de Michal Nesterowicz chez Naxos, propose de nouveau les danses de ces œuvres et se signale par un correct choix des tempi, malgré la décision non partageable d’amputer la Danse bohèmienne et le Pas de cinq du Robert le Diable dans le finale. En outre les choix interprétatifs du directeur ont privilégié la ligne mélodique en atténuant les contrastes dynamiques qui, peut-être, devraient être accentués dans quelques passages. Dans cette exécution qui se signale par beaucoup d’aspects positifs, comme le poétique chant de la prière de L’Etoile du Nord, on doit remarquer des sonorités un peu lourdes, comme celles des bois dans la Première air de Ballet (Séduction par l’ivresse), tirée de Robert le Diable, ou comme celles des instruments à cordes, dans la Deuxième air du ballet (Séduction par le feu), où on s’attendrait plus de légèreté dans les staccatos. De toute façon, l’orchestre, sous la bonne direction de Nesterowicz, se distingue par une très bonne exécution dans les pages les plus difficiles, comme les danses de L’Etoile du Nord, du Prophète et de la Marche indienne de L’Africaine.